Il a été annoncé hier comme une victoire, reste à connaître avec précision son contenu.
Ce n'est plus d'une Constitution européenne qu'il s'agit, mais d'un traité. Les principaux responsables européens le présentent comme l'opportunité de sortir d'une crise, mais la presse nationale se montre très réservée. Il semblerait qu'une partie des dispositions qui posaient problème dans le texte précédent aient été soigneusement "gommées", ou du moins qu'elles n'apparaissent plus qu'en filigrane. Quelques concessions ont été faites, notamment à la Pologne et à l'Italie, pour des raisons de politique intérieure, mais ce traité est jugé par beaucoup sans ambition.
Le problème essentiel - et il est de taille - est que, Sarkozy en tête, on a annoncé que ce traité ne serait pas soumis à l'approbation populaire et ferait l'objet d'une simple ratification par les parlements de chaque pays, exception faite peut-être pour l'Irlande. Ainsi, les Français, qui s'étaient clairement opposés à la version de 2004, n'auront pas leur mot à dire. Au plan de la démocratie, c'est scandaleux.
Plusieurs personnalités européennes ne manquent pas de souligner les dangers d'une adoption qui n'associerait pas les électeurs. La vice-prédidente italienne des Verts au Parlement Européen estime qu'une "ratification au pas de charge creusera inévitablement le fossé entre les citoyens européens et leurs institutions". Pour sa part, l'ancien ambassadeur de Belgique auprès de l'U.E., P. Schouteete rappelle que les dirigeants européens "s'étaient promis de se rapprocher des citoyens, d'avoir des textes clairs" et constate que "ce traité est tout le contraire : sa préparation a été beaucoup moins démocratique que la Convention qui avait préparé la Constitution et le texte est beaucoup moins clair que la Constitution".
La presse française émet bien des réserves. Le Monde regrette que le texte ne soit pas adapté à la mondialisation, l'Humanité dénonce un "déni de démocratie", la Nouvelle République et le Républicain Lorrain y voient un projet "à court terme". Nice-Matin voit là une vision chimérique de l'Europe, tandis que La Voix du Nord va encore plus loin, estimant que "les pères de l'Europe doivent se retourner dans leur tombe devant un tel recul de l'idéal communautaire qui portait leur projet".