L'INTERVIEW DE J.P. CHEVENEMENT
L'Est Républicain de ce matin publie une interview - sur un quart de page - de Jean-Pierre Chevènement.
Le titre même donne le ton : "Chevènement en rassembleur". Et la photo de l'ancien maire de Belfort, les bras largement ouverts, est tout un symbole.
Dans une première partie, il réaffirme tout le bien qu'il pense de son successeur, Etienne Butzbach, dont la liste qu'il mènera est seule rassembleuse de la gauche. Après un léger coup de griffe aux candidats potentiels de la droite, J.P. Chevènement balaye d'un revers de manche l'accusation qui est faite au MRC d'avoir une attitude hégémonique. Puis il rejette la faute de la division sur le PS et ses diverses personnalités locales, affirmant en outre que sa démission du poste de maire en juin dernier et les avancées du MRC au plan de ses propositions sont autant de gages de bonne foi.
Il évoque ensuite une lettre qu'il a adressée à François Hollande, mais pas un mot sur l'entrevue qui aura lieu prochainement au siège national du PS et qui devrait réunir - outre les responsables nationaux - les candidats potentiels et le président du Conseil Général.
Cette interview montre bien le déphasage de J.P. Chevènement par rapport à la situation réelle à Belfort. Il n'a visiblement pas compris que bon nombre d'électeurs de gauche rejettent ce qu'on nomme "le système Chevènement". Il oublie aussi que le rapport des forces a évolué dans le Territoire et à Belfort.
Bien sûr, le manque de cohésion à gauche peut être un des éléments qui explique sa défaite aux législatives dernières. Mais il ne faut pas oublier non plus celle de 2002 : beaucoup de gens de gauche n'avaient pas pardonné le fait que la candidature du MRC aux présidentielles était probablement la cause de l'échec de Lionel Jospin. En matière de division, il y aurait donc beauoup à dire et chacun a de quoi balayer devant sa porte.
Quand L'Est Rébublicain demande - non sans pertinence - à J.P. Chevènement si l'union de la gauche n'est pas chimérique, il répond par la présence sur la liste du MRC d'écologistes "indépendants" et de socialistes "unitaires". Chacun comprend que, faute d'avoir voulu un accord avec le PS, les VERTS et le PRG, et avoir tout mis en oeuvre pour que les conditions en soient rassemblées, on a cherché à fabriquer des "écologistes-maison" et débaucher des élus socialistes qui sont attachés à leurs actuelles prérogatives. Les VERTS et le PS apprécieront...
Enfin, le journaliste se fait parfaitement impertinent lorsqu'il dit : "On murmure que vous préféreriez une victoire de la droite à celle de vos frères ennemis du PS". Mais après tout, n'est-ce pas non plus une remarque fort pertinente ? En tout cas, elle reflète bien le sentiment qu'on a dans la presse régionale.
Christian LEBLANC, Président de la fédération PRG 90